Spinoza, Mahomet, le Coran et l’Islam (5/8)

Mecque mythique et Mecque réelle

Source : http://ripostelaique.com/briser-les-mythes-de-lislam-la-mecque.html

Deux définitions préalables :

Un hadith est une communication orale de Mahomet et, par extension, un recueil qui comprend l’ensemble des traditions relatives aux actes et aux paroles de Mahomet et de ses compagnons, précédées chacune d’une chaîne de transmetteurs remontant jusqu’à Mahomet. Considérées comme des principes de gouvernance personnelle et collective pour les musulmans, on les désigne généralement sous le nom de « la tradition du Prophète ». Les hadiths auraient été rapportés par près de 50 000 compagnons.

La sîra est la biographie de Mahomet.

La Mecque mythique est décrite notamment dans le Coran, les hadiths, la sîra et les chroniques de Tabari. Or si l’on prend la peine de réunir ces indications, on découvre un lieu géographique qui ne saurait correspondre à La Mecque réelle. Ainsi, là où Tabari décrit la conception du prophète, on apprend que le (futur) père de Mahomet, Abdallah, lorsqu’il a voulu rendre une petite visite de courtoisie – qui allait devenir historique – à la future mère du prophète, Aminah, s’est vu renvoyer à ses ablutions car il était trop sale, tout terreux. Le terme arabe utilisé désigne explicitement une terre arable. Mais il n’y a aucune trace d’activités agricoles à La Mecque. Tout indique que le sol y est stérile depuis des milliers d’années.

On s’étonne d’autant plus d’apprendre dans un hadith signé Aïsha et relaté à plusieurs reprises dans le Sahih Bukhari (et la Mouwata de Malik) que La Mecque mythique connaissait deux types d’herbes abondantes (idhkhir et jalil). Et un autre hadith, figurant dans le chapitre du Sahih Bukhari décrivant les expéditions militaires du doux prophète, nous indique même qu’on y aurait vu quelqu’un manger du raisin «alors que ce n’était pas la saison des fruits à La Mecque».

Les hadiths (notamment ceux consacrés au pèlerinage) nous disent aussi que le prophète, lorsqu’il accomplissait ses divers rites à La Mecque mythique, avait pour habitude de «courir au beau milieu du canal d’écoulement des eaux de pluie» situé entre Safâ et Marwah, deux «montagnes» entourant la ville. Or rien n’indique qu’un tel canal ait jamais été nécessaire dans La Mecque réelle, où les chutes de pluie n’atteignent guère que quelques centimètres par an en moyenne. Et les deux collines de Safâ et Marwah sont si minuscules et si proches l’une de l’autre, dans La Mecque réelle, qu’elles font partie aujourd’hui de l’enceinte de la grande mosquée:

Sachant cela, on doit secouer la tête en lisant dans Bukhari les longues pérégrinations d’Agar, la servante d’Abraham, mère d’Ismaël, l’ancêtre des Arabes, entre ces deux collines, où se serait trouvée une véritable vallée. À relever également ici que la présence d’Abraham à La Mecque, ou n’importe où ailleurs dans le Hedjaz, était totalement inconnue avant que se répande la fable musulmane.

Dans la sîra, on apprend également que La Mecque mythique était entourée de murailles, mais on n’en a jamais découvert la moindre trace aux alentours de La Mecque réelle. Un autre hadith relaté par Tirmidhi nous apprend «qu’aucune montagne ni aucun arbre» ne manquait de saluer le prophète lorsqu’il arpentait «les districts» de La Mecque mythique. Or il n’y a pas eu d’arbres à La Mecque réelle depuis une éternité au moins, sinon en pot dans des hôtels de luxe modernes, et aucun indice archéologique ne permet de supposer qu’on y ait édifié plusieurs «districts» avant l’ère moderne.

Une série de hadiths sahih concordants nous apprend qu’on entrait dans La Mecque mythique par deux défilés, l’un menant à la partie supérieure et l’autre à la partie inférieure de la ville. Le terme arabe est thaniya. Les traducteurs anglais l’ont généralement retranscrit phonétiquement, et leurs collègues francophones parlent de défilés, de passages ou éludent simplement ce terme qui décrit une fissure dans la roche permettant, tel un col de montagne, mais en plus petit et étroit, de passer entre deux montagnes ou à travers une montagne. Or aucun défilé ne mène à La Mecque réelle et on serait bien en peine d’y définir une partie basse et une partie haute.

La Mecque mythique était très peuplée, pour l’époque. En lisant les volumes VI et VII de la chronique de Tabari relatant les aventures du prophète de l’islam, on découvre qu’elle pouvait produire des foules impressionnantes: «2500 chameaux» pour une seule caravane, «1000 soldats mecquois», «3000 soldats mecquois et 200 cavaliers», «10.000 soldats mecquois». Seule une ville comptant plusieurs dizaines de milliers d’habitants aurait pu générer pareilles équipées. Sans terres cultivées, pratiquement sans eau et sans laisser de traces archéologiques dans La Mecque réelle. Voilà bien le miracle de l’islam.

La Mecque mythique est aussi souvent qualifiée de carrefour caravanier important. Et le coran évoque (deux fois) une «mère des cités», donc une ville très ancienne. Les traducteurs ajoutent ici «La Mecque» entre parenthèses. Car en fait, le coran ne mentionne La Mecque que dans un seul et unique verset (48.24) où il est question d’une «vallée de Makka». Le terme utilisé peut certes aussi désigner simplement une région, un bassin de vie, mais la notion de «vallée» ou de «lit de la vallée» est très présente dans les descriptions de La Mecque mythique. Le coran (3.96) parle aussi d’une «vallée de Bakka», ce que les commentateurs classiques s’accordent à considérer comme une désignation de La Mecque.

Bref, la Mecque mythique est une grande ville puissamment protégée, située dans une vallée riante et bien irriguée, herbeuse, parsemée d’arbres et de vignes, où s’affairent des dizaines de milliers d’habitants, d’agriculteurs, de marchands et de caravaniers, avec des milliers de chameaux, qui arrivent et repartent chargés de marchandises diverses, des quatre coins du Proche et du Moyen Orient, souvent en compagnie de milliers de pèlerins, qui y exécutent leurs rites collectifs au moins deux fois par an, dans une vaste aire sacrée ouverte à tous les cultes, notamment païens, le tout sous la surveillance de milliers de soldats et de centaines de cavaliers en armes. Une cité royale, verdoyante et animée, que tout le monde connaît très loin à la ronde, depuis «toujours».

En revanche, La Mecque réelle est totalement inconnue à l’époque des faits décrits dans les textes fondateurs de l’islam. On n’en lit le nom sur aucune carte géographique avant le IXe siècle. On n’en a jamais trouvé la moindre mention dans les correspondances de l’époque – où figurent pourtant Ta’if, Yathrib (la future Médine) et Khaybar – chez les nombreux clients, réels, des caravanes, réelles, qui sillonnaient la région. Et l’examen des routes des caravanes connues et de la topographie des lieux indique que rien, ou presque, ne pouvait se passer à La Mecque réelle au VIIe siècle. Ainsi, la ville aurait dû être dotée de dizaines de réservoirs souterrains, alimentés par des caravanes, car il pleuvait bien trop peu, pour abreuver tout ce monde. Aucune trace de ces constructions. Ni d’ailleurs d’une implantation humaine d’une quelconque importance. Ni de routes caravanières qui auraient fait ce curieux détour vers cet endroit qui ne menait nulle part.

Par ailleurs, l’examen des vestiges des premières mosquées indique que les musulmans n’ont commencé à prier en direction de La Mecque qu’à partir de la moitié du VIIIe siècle, sous les Abbassides. Jusqu’en 725, les mosquées semblaient même toutes pointer vers une autre ville, située beaucoup plus au nord, dans une vallée autrefois bien cultivée car abondamment irriguée et dotée de nombreux réservoirs ingénieux alimentés par des conduites drainant les pluies des montagnes alentours, où passaient toutes les caravanes en route vers l’Égypte, l’Arabie, la Mésopotamie, la Syrie, la Perse ou les ports méditerranéens, où l’on trouve des vestiges de cultes et cultures très divers, où l’on sait que des pèlerinages biannuels attiraient des milliers de païens, jusqu’au début de l’ère chrétienne. Mais dont personne n’a plus parlé ensuite dans la région, pendant près de 1500 ans, après une série de séismes, puis de fortes crues engendrées par la destruction du système de barrage et de drainage des eaux, tout ceci peu avant l’avènement de l’islam.

La Mecque des musulmans est donc une invention humaine, un mythe.

Les faits scientifiques énoncés critiquent négativement et ainsi ébranlent l’historiographie traditionnelle musulmane. Mais, positivement, peut-on reconstruire la véritable histoire de l’islam ?

Effectivement, une telle reconstruction a été effectuée par un chercheur français,  Edouard-Marie Gallez, docteur en théologie et histoire des religions de l’université de Strasbourg II, grâce à une thèse intitulée Le Messie et son Prophète soutenue et publiée (2 tomes aux Editions de Paris) en 2004. Gallez édite aussi un site où il actualise ses travaux : http://www.lemessieetsonprophete.com

Ses travaux ont été résumés, avec sa collaboration,  dans un petit livre de 96 pages par Odon Lafontaine. On peut le télécharger à l’adresse : http://legrandsecretdelislam.com

Nous nous sommes servis de cet ouvrage pour la présentation succincte de …

Jean-Pierre Vandeuren

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